S'ensuyt le Bestiaire damours : moralisé sur les bestes & oyseaulx. Le tout par figure et hystorie. Bibliothèque du Château de Chantilly. III-F-026.
« Ici commence le livre que l'on nomme Bestiaire, ainsi appelé parce qu'il traite des natures des bêtes. Or, l'ensemble des créatures que Dieu plaça sur terre, Dieu les créa pour l'homme, et afin que celui-ci prenne chez elles des exemples de croyance religieuse et de foi. » Pierre de Beauvais, "Bestiaire" in Bestiaires du Moyen Âge, Paris, Stock, 1980, p. 21
En introduisant par ces mots son Bestiaire, Pierre de Beauvais place son ouvrage aux confluents des sciences et de la théologie et lui assigne deux objectifs.
Le premier est de faire œuvre d'histoire naturelle en proposant une description des « natures des bêtes », fondée sur la transmission de données issues des textes bibliques, des naturalistes de l'Antiquité (comme Aristote et Pline) et des pères de l’Église.
Ce premier objectif est subordonné à une finalité théologique (et morale) : instruire l'homme de ses devoirs envers Dieu et ses semblables. La description « scientifique » s'accompagnera donc souvents de considérations morales perceptibles jusque dans les conseils relatifs à la vie amoureuse du Bestiaire d'amour de l'amiénois Richard de Fournival (décédé en 1260).
Introduction
Introduction
Fabuleuses histoires des bêtes et des hommes.
De natura animalium. Bibliothèque municipale de Douai. Ms 711. Feuillet 2 verso.
Le manuscrit de Douai présente plusieurs descriptions d'animaux qui rappellent le Physiologus de saint Épiphane.[...] Source CCFr.
Miroir de la nature. Thomas de Cantimpré (1201-1272). Bibliothèque municipale de Laon. Ms 426. Folio 213 recto.
La tradition du livre des bêtes de l'époque médiévale remonte à un ouvrage grec dont la rédaction s'étend du IIe siècle au XIIIe ou XIVe siècle, connu sous le titre de Physiologus dans sa forme latine. C'est un relevé d'animaux, oiseaux, plantes et pierres évoqués dans les Saintes Écritures et une fixation des légendes qui s'attachent à chaque élément. Les bêtes communes côtoient les animaux exotiques et les êtres imaginaires (comme la licorne ou le dragon).
La traduction latine du Physiologos grecnourrit autant les encyclopédies médiévales, des Étymologies d'Isidore de Séville (560-636) aux textes de Barthélémy l'Anglais (ca 1200-1272), Vincent de Beauvais (1184-1264) et Brunetto Latini (1220-1294), que leBestiarium latinumdont il est l’une des sources originelles avec les étymologies et autres livres d'exemples, comme celui de Thomas de Cantimpré (1201-1272) qui prend appui sur la description du comportement des abeilles.
Introduction
Introduction
Mantic Uttaïr, ou le Langage des oiseaux , poème de philosophie religieuse, par Farid-Uddin Attar, publié en persan par M. Garcin de Tassy,... BnF, département Littérature et art, YA-297
Hors de l'univers chrétien, la Conférence des oiseaux de Farid Al Din Attar (1145-1221) représente aussi cette tradition allégorique où l'exemple moral est articulé à travers une description de la vie animale. Subordonné à l'homme, selon la lecture que le Moyen Âge fait du récit de la Genèse, le monde animal est aussi et d'abord un miroir de l'humanité qui en révèle les gloires et les travers.
Dans le Physiologus et certains Bestiaires en ancien français (Gervaise, Philippe de Thaon ou Guillaume le Clerc), se constitue avant tout un discours symbolique qui imprègne l'univers médiéval. Les livres des bêtes organisent et décryptent cet univers symbolique, donnant à l'Homme des clefs pour mieux comprendre le monde et surtout mieux l'habiter en compagnie de ses semblables.
Heures à l'usage des filles de Saint-Augustin. Médiathèque de Roubaix - La Grand Plage. Ms 008. Folio 67 verso.
Les animaux du quotidien
Leur représentation
Bible. Bibliothèques de la ville de Compiègne. VDC 241. Vue 0261.
Présents dans des textes mettant en scène le monde animal ou s'émancipant du strict cadre de la lettre pour courir dans les marges, les animaux familiers sont omniprésents dans la décoration des manuscrits du Moyen Âge. Influencée par la morale chrétienne, héritée des traditions antiques, la description de l'animal familier passe d'abord par une symbolique complexe déchirée entre les forces du bien et du mal.
À partir du XIVe siècle, l'individu prend conscience de son existence dans un espace désacralisé et une représentation plus réaliste de l'animal domestique apparaît. Les livres d'heures friands de satire irrévérencieuse (âne), parfois sexuelle (lapin), s’effacent alors derrière l’illusion de la nature : les marges se peuplent d'oiseaux, de papillons, de mouches et d'abeilles en trompe-l’œil…
Bréviaire à l'usage d'Amiens. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 010. Folio 1 recto.
Speculum historiale. VINCENTIUS BELLOVACENSIS. Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 130 tome I. Folio 344 recto.
Les animaux du quotidien
Un usage agricole
Les scènes de la vie paysanne, très présentes notamment dans les calendriers, usent de nombreuses représentations d'animaux familiers.
Ainsi, oiseaux de basse-cour (coq, oie, etc.), cochons, bovins et ovins jouissent d'une grande considération, du fait de leur utilité alimentaire ; les chevaux de labour et les bœufs sont liés aux travaux des champs ; les chiens gardent les troupeaux et les maisons.
Heures, en latin, et prières, en flamand. Bibliothèque municipale de Lille. Ms 158. Folio 4.
Heures, en latin, et prières, en flamand. Bibliothèque municipale de Lille. Ms 158. Folio 6.
Les animaux du quotidien
Un usage domestique
Livre d'Heures dit "Heures de Séguier". Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 82. Folio 2 recto.
D'autres compagnons s'invitent dans l'intimité comme les petits chiens d'agrément, chaufferettes vivantes, les genettes, puis les chats qui se confondent avec le décor des maisons nobles.
Heures, en latin, et prières, en flamand. Bliothèque municipale de Lille. Ms 158. Folio 174 verso.
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et biliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 016. Folio 23 verso.
Le Miroir historial de Vincent de Beauvais, traduit par Jean de Vignay. XVe siècle. Bibliothèque du Château de Chantilly. Folio 2 verso. Ms. 722.
Les animaux du quotidien
Une utilisation pour la chasse
Traités de fauconnerie et de vénerie. XVe siècle. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 368. Feuillet 001.
Certains animaux familiers, en plus de leur usage agricole, sont aussi utilisés pour la chasse.
En effet, au Moyen Âge, chaque groupe social a son type de chasse.
Dans l'aristocratie, la chasse est d'abord et avant tout un rituel, codifié par les premiers traités de vénerie. Accompagné de chevaux et de chiens, l’Homme se confronte à l’intelligence et à la ruse des animaux les plus nobles (bêtes rouges telles que le cerf, le loup et le renard) ou à la force d'animaux plus rustres (bêtes noires comme l’ours ou le sanglier), lors de chasses à courre.
La chasse au vol est pratiquée, quant à elle, à l’aide de rapaces apprivoisés.
La chasse aux petits animaux (ramiers et lièvres), dans le but de s’alimenter, est plus ou moins tolérée pour les couches populaires selon les pays et les périodes, mais le braconnage est très fréquent.
Les animaux du quotidien
Une utilisation pour la chasse
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 16. Folio 030 verso.
Henri de Ferrières. Livre du roi Modus et de la reine Ratio. Bibliothèque Château de Chantilly. Ms 366. Feuillet 005.
Livre de la chasse, Livre des oraisons. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 367. Folio 49 verso.
Bible. Bibliothèques de la ville de Compiègne. VDC 241. Vue 0111.
Les animaux du quotidien
Une utilisation pour la chasse
Les marginalia, entourant les textes médiévaux, sont un lieu propice aux représentations de scènes de chasse sous un angle plus ludique.
Sans lien apparent avec le texte principal, ces espaces laissent libre cours à l’imagination de l’enlumineur et au goût pour la parodie des commanditaires. Les animaux y sont fortement représentés, parfois dans « un monde à l’envers » dans lequel le prédateur devient la proie : les lapins poursuivent alors les chiens et les coqs dominent les renards.
Bréviaire à l'usage de l'abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai. Bibliothèque municipale de Cambrai. Ms 102, feuillet 006.
Somme des confesseurs. Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer. Ms 0136. Feuillet 001.
Les animaux du quotidien
Un usage militaire
Chez les puissants, distractions chevaleresques et sentiment aristocratique font du cheval l'animal noble par excellence.
Régulièrement employé pour la guerre, le cheval y joue un rôle fondamental, au point qu’il définit une classe entière de guerriers : les chevaliers. De façon générale, le sens honorifique et nobiliaire de chevalier s’est effacé très largement jusqu’au XIIe siècle, devant le sens purement professionnel. D’ailleurs, dans la littérature d’oïl, le mot chevalier est, au XIIe siècle, avant tout synonyme de guerrier, et ne prend que tardivement une coloration honorifique, idéologique, puis nobiliaire.
On emploie également des chiens tels les mâtins (énormes chiens d’origine anglaise) élevés spécifiquement pour la guerre, et d'autres servant de boute-feu, envoyés dans le camp adverse pour l’incendier.
JACQUES de GUISE, Annales de Hainaut, trad. JEAN WAUQUELIN. Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 149. Folio 177.
Chroniques de Saint Denis jusqu’à Charles VI. Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms. 637. Folio 166.
Les animaux du quotidien
Une transformation par les hommes
Miroir de l'âme. Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. MS. 240. Folio 37 recto.
Les quatre éléments de la domination corporelle.
GRATIANUS, Decretum, cum gloss. Le Labo - Cambrai. Ms 605. Feuillet 188.
Les hommes emploient les animaux familiers pour l’agriculture, la chasse, la guerre mais aussi pour se nourrir et confectionner des objets de la vie quotidienne. De plus, de nombreuses matières d’origine animale entrent dans la fabrication d’objets figurés dans l’art médiéval.
Du bétail, on utilise la peau et les poils pour les vêtements, mais aussi les boyaux qui servent à la confection de cordes pour les instruments de musique ou les arcs et arbalètes. Les animaux, tels le cygne et le paon, familiers des parcs et ménageries, apparaissent volontiers dans les banquets, l'un commealiment, l'autre commedécor de table. Le suif et la cire sont utilisés pour la fabrication des bougies.
Les animaux du quotidien
Une transformation par les hommes
La corne entre également dans la confection de nombreux objets, depuis les trompes d’appel des bergers ou des chasseurs, aux boutons de certains vêtements, en passant par les cuillères et les manches de couteau. Enfin, les parures médiévales comportent aussi des éléments d’origine animale : perles, coraux, plumes colorées.
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 14. Folio 60.
PAPIAS, Elementarium. Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 182. Folio 1.
N’oublions pas non plus toutes ces représentations de livres et autres phylactères (petite banderole sur laquelle se déploient les paroles prononcées par une personne), que l’on trouve dans l’art médiéval, entre les mains des évangélistes ou des apôtres par exemple. Ces objets évoquent les nombreuses peaux de brebis ou de veaux qui ont servi à confectionner les pages de parchemin. Le cuir qui les recouvre peut provenir du dos de veaux, de chèvres, de moutons (la basane), de truies dans le monde germanique, voire ... de phoques !
Les animaux du quotidien
Une trasnformation par les hommes
En plus d’être de nombreuses fois représentés dans les enluminures et autres lettres ornées qui peuplent les manuscrits, les animaux font également partie de la réalisation matérielle du livre médiéval. [...]
Née de la nécessité de lier entre eux les cahiers du codex, la reliure participe à la protection et à la mise en valeur du texte. Les manuscrits les plus prestigieux étaient recouverts de plats de reliures réalisés dans des matériaux précieux et parfois ornés de scènes narratives raffinées.
Ceux destinés à la lecture quotidienne étaient, quant à eux, dotés de reliures qui, bien que plus sobres, n’en étaient pas moins d’une conception techniquement sophistiquée. Dans la plupart des cas, la reliure de peau antérieure au XVe siècle présente des ais de bois recouverts de cuir, réalisé le plus souvent à partir de mouton, de chèvre et de veau.
Cependant, d’autres manuscrits se distinguent par une couvrure d’un genre tout particulier : les poils de l’animal ont été conservés. Il s’agit des fameux libri pilosi, ou liber pilosus, au singulier : livres poilus. Peu sont parvenus jusqu’à nous : la médiathèque du Grand Troyes et la Bibliothèque de l’agglomération de Saint-Omer en conservent plusieurs.
Les animaux du quotidien
Une transformation par les hommes
À la médiathèque Simone Veil de Valenciennes, la « vedette » qui focalise toutes les attentions a pour prénom Eulalie. Il s’agit, plus exactement, du manuscrit n° 150, daté du IXe siècle, qui abrite la Cantilène de sainte Eulalie, le plus ancien texte littéraire en langue romane et le premier poème de la littérature française. [...]
Selon Élodie Lévêque, Conservatrice-restauratrice de livres anciens et Maître de conférence à l’université paris 1 Panthéon-Sorbonne, la reliure souple, sans doublure et sans rabat, pourrait être datée des XIIIe ou du début du XIVe siècle, mais certains éléments sont difficiles à identifier. Elle semble avoir remplacé une reliure carolingienne à plat rigide et a été restaurée plus tard, peut-être à partir du XVe siècle. Toujours grâce à l’analyse biologique réalisée sur les quatorze manuscrits provenant de l’abbaye de Clairvaux (Aube), à l’aide d’une technique développée par le département d’archéozoologie de l’université de York (Royaume-Uni), la peau de couvrure du manuscrit conservé à Valenciennes a pu être identifiée : il s’agit d’une peau de phoque. [...]
En ce qui concerne les animaux exotiques, certains sont plus représentés que d’autres dans les manuscrits.
On peut penser notamment au lion, parfois considéré en bien, parfois en mal.
Animal multifacette, on lui prête la capacité de garder la maison de Dieu car il dort les yeux ouverts et de redonner vie à ses petits morts-nés, ce qui l’associe à la Résurrection. Dans un même temps, son caractère prédateur et carnassier en fait parfois une figure négative.
L'Enfer de Dante, avec le commentaire de Fra Guidone de Pise, italien/latin, XIVe, Bibliothèque du musée Condé, Château de Chantilly. Ms.597. Folio 34.
Les animaux exotiques
Les félins
"Manuscrit de frère Laurent". Bibliothèque municipale de Soissons. Ms 221. Folio 21.
Évangiles de Saint-Riquier. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 004. Folio 1 recto
Bréviaire à l'usage de l'abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai. Le Labo - Cambrai. Ms 103. Feuillet 085.
Les animaux exotiques
Les dromadaires et chameaux
Liber de natura rerum. Thomas de Cantimpré (1201-1272). Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms 0320. Folio 52 verso.
Tristan en prose. Bibliothèque du Musée Condé - Château de Chantilly. Ms 0648. Folio 1.
Le dromadaire, animal de bât en Orient, est assimilé aux bovins par les occidentaux, qui le figurent souvent comme le moyen de transport par excellence des étrangers. Très présent dans la Bible mais rarement vu en Occident, il est souvent représenté en marche, chargé ou monté.
Les animaux exotiques
Les éléphants
De natura animalium. Bibliothèque municipale de Douai. Ms 711. Feuillet 5.
Liber de natura rerum. Thomas de Cantimpré. Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms. 320, folio 59 verso.
L’éléphant est quant à lui souvent représenté comme une créature fantastique, avec des oreilles de cheval ou de chien, une trompe en forme de trompette et des défenses ressemblant à celles d’un sanglier.
Traité de médecine. Bibliothèque municipale de Soissons. Ms 050. Folio 053 verso.
Les animaux exotiques
Les ménageries
Le terme de « ménagerie » utilisé aujourd’hui pour désigner les anciennes collections d’animaux est anachronique. On parle au Moyen Âge d’enclos, de parcs, de jardins clos, etc. Le choix des animaux dans ces ménageries se fait selon leur rareté, leur dimension exotique, leur caractère spectaculaire ou leur férocité.
Institution du prince chrétien. Bibliothèque du Château de Chantilly. XIVe siècle. Ms 316. Feuillet 026.
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 16. Folio 15 recto.
On trouve ainsi de manière régulière des lions, des chameaux et dromadaires, des léopards, des singes, des ours, des autruches, des éléphants, des perruches et toutes sortes d’oiseaux dans ces ménageries.
Les ménageries sont un des symboles du pouvoir, qu’il soit impérial, royal ou princier, voire épiscopal ou pontifical. Ces animaux peuvent faire l’objet de cadeaux diplomatiques et permettent de montrer la richesse du royaume. Visibles par la cour, ils sont régulièrement exhibés à la foule lors de cortèges royaux.
Les animaux exotiques
Les ménageries
Summa quae vocatur catholicon. Service Patrimoine de Saint-Amand-les-Eaux. Ms 001.
Zoom sur la figure du paon
Au XIIe siècle, Hugues de Fouilloy a composé son traité des oiseaux où le paon occupe un des plus longs chapitres après l'autruche et l'aigle.
Le manuscrit du Catholicon conservé à Saint-Amand-les-Eaux, sorte de grammaire encyclopédique copiée au XVe siècle, en compte trois délicates représentations enluminées dans les lettrines de son prologue.
Summa quae vocatur catholicon. Service Patrimoine de Saint-Amand-les-Eaux. Ms 001.
Summa quae vocatur catholicon. Service Patrimoine de Saint-Amand-les-Eaux. Ms 001.
Les animaux exotiques
Le ballet des singes
Le singe, quant à lui, est un animal que l’on retrouve à la Cour.
Dans le monde médiéval, il est surtout perçu comme la figure de la part animale de l’Homme qu’il s’agit alors de dominer. C’est ce qui explique que le singe soit parfois représenté cordé, enchaîné, dressé dans les marges des manuscrits.
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 16. Folio 14.
Bréviaire à l'usage de l'abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai. Le Labo - Cambrai. Ms 103. Feuillet 079.
Les animaux exotiques
Le ballet des singes
Dans les marges des manuscrits, en particulier ceux de nature religieuse, il n’est pas rare de trouver de petites scènes enluminées, drôles, voire cocasses, que l’on désigne sous le terme de « drôleries ».
Apparues entre 1250 et 1350 dans le Nord de la France, les Flandres et le sud de l’Angleterre, ces marginalia mettent en scène des animaux réels comme fantasmés, tels que des hybrides.
Parmi les animaux représentés, les singes occupent une place privilégiée.
Au Moyen Âge, ils symbolisent la bêtise, car ils sont capables de reproduire les activités humaines par mimétisme sans en comprendre le sens. En les parodiant, les singes deviennent le miroir des travers humains. Parfois parés d’attributs anthropomorphiques, ils miment les situations de la vie quotidienne, dans des représentations plus ou moins burlesques.
Positions obscènes, scènes de jeux, de médecine, d’apprentissage, de combats ou de chasse, sont autant de situations du grand répertoire des drôleries médiévales.
Les animaux exotiques
Le ballet des singes
Psautier à l'usage de l'abbaye Saint-Josse-sur-Mer. Archives et bibliothèques patrimoniale d'Abbeville. XIIIe - XIVe siècle. Manuscrit 003. Folio 40 recto.
Bréviaire à l'usage de l'abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai. Le Labo - Cambrai. Ms 103. B Folio 036.
Voyages. JEAN de MANDEVILLE. Bibliothèques d'Amiens métropole. XVe siècle. Lescalopier 095. Folio 001.
Speculum historiale, VINCENTIUS BELLOVACENSIS. XIIIe - XIVe siècle. Bibliothèque de Boulogne-sur-Mer. Ms 0130, tome I. Folio 283 verso.
Heures, en latin, et prières, en flamand. Bibliothèque municipale de Lille. Ms 158. Folio
Les animaux imaginés
Les animaux imaginés
Sommaire - Chapitre 3
Évangiles. XIe siècle. Bibliothèque municipale de Douai. Ms 016. Folio 96 verso.
BARTHOLOMAEUS ANGLICUS, Proprietatibus rerum (De), trad. JEAN CORBECHON. XVe siècle. Bibliothèques d'Amiens métropole. Ms 399. Folio 241.
Au Moyen Âge, les sirènes, dragons et autres créatures (que l’on sait n’avoir jamais existé) sont perçus comme bien réels, même pour les savants les plus instruits.
Cette croyance est motivée par la mention de ces espèces dans la Bible et les encyclopédies antiques, les deux principales autorités médiévales que nul n’ose remettre en question (les sirènes sont citées deux fois dans la Septante, traduction de la Bible en grec).
Les animaux imaginés
Les griffons
Heures à l'usage de Reims. Le Labo - Cambrai. Ms 087. Folio 51 verso.
Décret de Gratien glosé. Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer. Ms. 0453.
À l'époque, ces êtres dont l’apparence est étrange et que l’on n’a jamais vus en Occident (ni ailleurs mais ça on ne le sait pas encore !) sont considérés comme des « merveilles » (mirabilia), manifestations de la toute-puissance divine dont il s’agit de s’émerveiller et qui dépassent l’entendement humain.
Les animaux imaginés
Les sirènes
De natura animalium. Bibliothèque municipale de Douai. Ms 711. F
GUILLAUME de LORRIS et JEAN de MEUN, Roman de la rose ; JEAN de MEUN, Testament. XIVe siècle. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 0482. Folio 001.
Bréviaire à l'usage de l'abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai. Le Labo - Cambrai. Ms 103. Folio 094 verso.
Bibliothèque d'Agglomération du Pays de Saint-Omer. Ms 30. folio 232.
Sirène-poisson jouant de l’olaus (Saint-Bertin, vers 1160-1170).
Les animaux imaginés
Les licornes
Heures, en latin, et prières, en flamand. Bliothèque municipale de Lille. Ms 158. Folio 51.
Missel à l'usage de Cambrai. Le Labo - Cambrai. Ms 147. Folio 193.
Les animaux imaginés
Les licornes
Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, en sept livres, traduction française de Guillaume Coquillart, de Reims. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms.776.
Pélerinage de l'âme. XVe siècle. Bibliothèque municipale de Soissons. Ms 208. Folio 162.
Liber de natura rerum. Thomas de Cantimpré (1201-1272). Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms 0320.
Les animaux imaginés
Les serpents et dragons
Speculum naturale. Vincentius Bellovacensis. XVe siècle. Le Labo - Cambrai. BM, inc. D 005 (3723-2). Vue 006.
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et biliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 016.
Liber de natura rerum. Thomas de Cantimpré (1201-1272). Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms 0320. Folio 135.
ISIDORUS MERCATOR (Ps.), Decretales. Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 115. Feuillet 4 verso.
Les animaux imaginés
Les animaux fantastiques
PETRUS LOMBARDUS, Comment. in Epist. Pauli. XIIe siècle. Bibliothèques d'Amiens métropole. Ms 85. Folio 098.
En revanche, il existe une autre catégorie de créatures que l’on qualifiera de « fantastiques » (du grec ϕανταὓία « phantasia » : imagination, représentation, apparence).
Il s’agit de ces figures d’hybrides qui prolifèrent dans l’art médiéval, à partir du XIIe siècle environ, et qui sont le pur produit de l’imagination des artistes.
Ces personnages sont conçus comme des puzzles étranges associant des morceaux de corps empruntés au règne tant animal que végétal, et intégrant très souvent un élément humain.
Les animaux imaginés
Les hybrides
Abbeville. Ms 003. Folio 4.
Saint-Omer. Ms 005. Folio 22 verso.
Arras. Ms 863. Folio 113.
Boulogne-sur-Mer. Ms 130, tome I. Folio 344 recto.
Ils appartiennent au répertoire du comique grotesque qui associe, à la fonction de divertissement, une autre fonction destinée à exorciser les espaces marginaux, bordures, angles, recoins et autres espaces intermédiaires qu’ils occupent pour empêcher les démons de s’y glisser.
Saint-Omer. Ms 104. Folio 37.
Arras. Ms 88. Folio 10.
Arras. Ms 863. Folio 59.
Abbeville. Ms 003. Folio 13.
Les animaux imaginés
Les hybrides
AMBROSIUS, Opuscula. XIIe siècle. Bibliothèque municipale de Boulogne-dur-Mer. Ms 0036. 077 verso.
Décret de Gratien glosé. XIIe siècle. Bibliothèque d'Agglomération du Pays de Saint-Omer Ms 453. Folio 100 verso.
Les animaux comme symboles
Les animaux comme symboles
Sommaire - Chapitre 4
De natura animalium. Bibliothèque municipale de Douai. Ms 711.
Psautier à l'usage d'Amiens. Bibliothèques d'Amiens métropole. Ms 0124. Folio 1 verso.
Heures à l'usage d'Amiens. Archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 12. Folio 10 verso.
Heures en latin et prières, en flamand. Bibliothèque municipale de Lille. Ms 175. Folio 4 verso.
Brévaire de Laon (été). Bibliothèque municipale de Laon. Ms 254. Folio 2.
Hérités de l’Antiquité, les signes du zodiaque représentent les constellations parcourues par le soleil au cours d’une année. À l’origine, ces figures répondent à une volonté de traduire les signes envoyés par les dieux par l’intermédiaire des astres.
Sept sont des animaux auxquels s’ajoute le Sagittaire, figure imaginaire mi-homme mi-cheval.
"Calendarium ; GERMANICUS, Aratea" ou "Les phénomènes d'Aratos de Solès". Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 188. Folio 26 verso.
Heures à l'usage de Cluny. Bibliothèques d'Amiens métropole. Ms 2556. Folio 009.
Heures de la Tour et Taxis. Bibliothèque du musée Condé - Château de Chantilly. Ms 086. Folio 8.
Heures de Devisme. Bibliothèque municipale de Laon. Ms 243t. Folio 12.
Les animaux comme symboles
Les signes du zodiaque
Au Moyen Âge, le zodiaque rend compte des savoirs acquis en astronomie depuis les temps anciens. Il est aussi un exemple des articulations entre spatialité et temporalité propres à la perception du monde de la société médiévale. Ainsi le calendrier zodiacal est le pendant céleste du calendrier terrestre et des occupations qui y sont liées selon les mois, les saisons, etc. Il n’est pas rare de voir des représentations de scènes de travail (semailles ou moisson) ou de loisirs plus nobles (comme la chasse au faucon) sous la forme de cercles, arcs de cercles ou médaillons.
Trés riches heures du duc de Berry. Bibliothèque du Musée Condé - Chantilly. Ms 065 (1284). Folio 5 verso.
Trés riches heures du duc de Berry. Bibliothèque du Musée Condé - Chantilly. Ms 065 (1284). Folio 7 verso.
Les animaux comme symboles
Les signes du zodiaque
Musée Condé Chantilly
Cette analogie entre le Ciel et la Terre influence tous les domaines de la vie. Ainsi la médecine médiévale est étroitement liée à l’astronomie et à l’astrologie.
L’homo signorum, appelé également Homme zodiacal, en est l’une des figurations les plus connues. Celle-ci établit une correspondance, appelée mélothésie, entre les membres et les organes du corps avec les signes du zodiaque. Le Bélier étant la première constellation traversée par le soleil, il est associé à la tête de l’homme tandis que les pieds sont liés à celle du Poisson, la dernière à être parcourue par le soleil.
"Calendarium ; GERMANICUS, Aratea" ou "Les phénomènes d'Aratos de Solès". Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 188. Folio 30.
Les animaux comme symboles
Les fables
Les fables, récits allégoriques d’où l’on tire une moralité, proviennent de plusieurs traditions : la tradition occidentale issue du grec avec Ésope mais aussi du latin avec Phèdre et Avianus et la tradition orientale issue des contes du sage indien Bidpaï qui seront traduits par la suite en arabe.
Fables de Bidpaï, traduites en allemand. XVe siècle. Bibliothèque du Château de Chantilly. Manuscrit 0680. Folio 190 verso.
Évangéliaire de Morienval. Médiathèque du Chevalet de Noyon. Ms 001. Folio 8 recto.
Les animaux comme symboles
Les fables
Le bestiaire médiéval reprend ces codes où l'animal est utilisé comme miroir de l’Homme. Critiques et satires de la société sont ainsi mises en scène. Des textes parfois plus courts que les fables font leur apparition, les exempla, textes amusants ou surprenants à portée morale mais surtout destinés à capter l'attention de l'auditeur, et mettant souvent en scène les animaux.
Florilège de Douai. XIIIe siècle. Bibliothèque d'Agglomération du Pays de Saint-Omer. Ms 0008.
Psautier à l'usage de l'abbaye Saint-Josse-sur-Mer. Archives et bibliothèques patrimoniale d'Abbeville. XIIIe - XIVe siècle. Manuscrit 003. Folio 6 recto.
Les animaux comme symboles
Les évangélistes
Les quatre Évangiles. Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. IXe siècle. Ms 069. Folio 138 verso.
Évangéliaire. Xe siècle. Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 11. Folio 4 recto.
Les chrétiens ont très tôt associé les quatre évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean aux « quatre vivants » qui entourent le trône de Dieu dans le Livre d’Ézéchiel (1, 5-11 et 10, 12-16) et dans l'Apocalypse 4, 6-9 :.
Mais l’association de chaque animal à l’un ou l’autre des évangélistes a fluctué.
Toutefois, c’est l’association des animaux avec les évangélistes effectuée par saint Jérôme qui fut la plus souvent retenue comme en témoigne l’explication empruntée à ce dernier que donne Nicolas de Gorran (mort en 1295) dans son Introduction à l’Écriture sainte :
Il est question du Christ en tant que Dieu dans Jean ; c'est pourquoi il commence par sa sublime divinité, en disant : au commencement était le Verbe (Jean, 1, 1) ; pour cela il [l’évangéliste Jean] est représenté par l'aigle, qui vole très haut et à une vue très perçante. Du Christ en tant qu'homme il est question dans les autres évangiles, mais d'une manière différente : […] d'après Jérôme il [l’évangéliste Matthieu] est figuré par un homme, parce qu'il traite de la nativité du Christ. […] d'après Jérôme, [l’évangéliste] Marc est figuré par le lion, parce qu'il traite de la résurrection ; en effet, le lion dort pendant trois jours après sa naissance et le rugissement de son père le réveille, […] ; or le Christ est ressuscité du sommeil de la mort au troisième jour. Dans [l’évangile selon] Luc il est traité de sa sortie du monde et de son sacrifice ; c'est pourquoi il commence par le sacerdoce, à qui appartient l'immolation ; aussi est-il représenté par un gros, animal destiné à l'immolation [le veau ou le bœuf].
Les animaux comme symboles
Les évangélistes
Évangiles de Saint-Riquier. Archives et biliothèque patrimoniale d'Abbeville. Ms 4. Folio 101 verso.
Biblia sacra. XIIIe siècle. Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Ms 005. Folio 349 recto.
Apocalypsis Johannis ; Isaias, 9 et 52 ; MAXIMUS TAURINENSIS ep., Homilia. IXe siècle. Le Labo - Cambrai. Ms 386. Folio 12.
Bible glosée (partie de). XIIIe siècle. Bibliothèque municipal de Douai. Ms 0017, tome 9.
Évangiles. Le Labo - Cambrai. Ms 327. Folio 99 verso.
Apocalypse dite de Valenciennes. Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms 099. Folio 10 recto.
Évangéliaire de Morienval. Médiathèque du Chevalet de Noyon. Ms 001. Feuillet 10 recto.
Les animaux comme symboles
Les évangélistes
Évangiles. XIIe siècle. Provenance : Allemagne du nord-ouest (Abbaye de Verden). Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 016.
L’ivoire est une matière réputée inaltérable et incorruptible.
Souvent utilisé dans le décor des reliures de livres liturgiques, il reflète l’immuabilité des paroles sacrées qu’il protège, ainsi que la promesse de vie éternelle des Écritures Saintes. Exposé avec d’autres objets liturgiques ou montré lors des processions, le livre orné de matières précieuses est l’auxiliaire de la puissance divine. Sur la reliure de ces Évangiles du XIIe siècle, l’ivoire est utilisé pour figurer le Christ en croix et les symboles des quatre évangélistes, dont il souligne le caractère divin ou sacré.
Psautier à l'usage de Brême. XIIe siècle. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 7.
Les animaux comme symboles
Les évangélistes
Evangéliaire de Morienval. Médiathèque du Chevalet Noyon. Ms 001.
Prestigieux manuscrit de l’époque carolingienne, l’Evangéliaire de Morienval a été réalisé au IXème siècle, à l’abbaye de Hautvillers, dans la vallée de la Marne. Conservé à l’abbaye de Morienval depuis le XIIème siècle, il a été acheté par la fabrique de la cathédrale de Noyon en 1868, au hasard d’une visite chez un antiquaire-brocanteur, à Compiègne. Aujourd’hui propriété de la ville de Noyon, il est inscrit à l’inventaire des monuments historiques et figure parmi les manuscrits les plus précieux. La particularité de ce manuscrit reste sa reliure en bois réalisée au Xe siècle qui est l’une des plus belles et des plus originales du Moyen-Âge.
Evangéliaire de Morienval
Les animaux comme symboles
Les animaux acteurs de l'histoire biblique
Au Moyen Âge, les animaux permettent aux artistes de décliner à l’infini les valeurs et les turpitudes des hommes.
Dans l’art sacré, les animaux deviennent les acteurs de la grande histoire biblique, accompagnant Dieu et les saints ou leur servant de symbole. Messagers du renouveau, ils participent à l’articulation des épisodes, à la remise en question des protagonistes. Ils sont tout à la fois des instigateurs et des témoins.
Hommes et animaux coexistent ainsi depuis la Création du monde. Unis, ils assistent ensemble aux plus grands évènements bibliques : le Déluge, le Sacrifice d’Isaac, la Nativité du Christ, et ce, jusqu’au Jugement dernier.
Bible historiale. Bibliothèque du Château de Chantilly. XVe siècle. Ms. 0028. Folio 1 verso.
Les animaux comme symboles
Les animaux acteurs de l'histoire biblique
Jonas et la baleine
Jonas, personnage biblique, prend lâchement la mer plutôt que de suivre les instructions de Dieu, qui lui ordonne de se rendre à Ninive pour prêcher sa parole. Sa fuite déclenche la colère divine. Alors que les flots se déchainent, Jonas est jeté par-dessus bord et englouti par un « grand poisson » (Livre de Jonas 2, 1-11). Dieu punit le prophète qui a désobéi et dont le silence engendre la discorde. Jonas est emprisonné dans les entrailles du poisson, comme il séquestre dans sa bouche le message de Dieu. Cet engloutissement permet au prophète de prendre conscience de sa mission divine. Régurgité par le poisson, il accomplit alors son devoir de transmission.
Miroir du Salut. Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer. XVe siècle. Ms 183. Folio 27 verso.
Bible en français. Bibliotèque du Château de Chantilly. XIVe siècle. Ms 005. Folio 182 verso.
Bible. Bibliothèque municipale de Douai. XIIe siècle. Ms 001 (Tome II). Folio 154.
Les animaux comme symboles
Les animaux acteurs de l'histoire biblique
Bible (partie de). Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer. Ms 68. Folio 125 verso.
Bible en français. Bibliotèque du Château de Chantilly. XIVe siècle. Ms 005. Folio 161 recto.
Daniel dans la fosse aux lions
Le lion est utilisé ici en sa qualité de prédateur. Il représente la férocité, la sauvagerie et la mort alors que la fosse n’est pas sans rappeler l’Enfer. Alors que Daniel est condamné à être dévoré vivant, Dieu envoie un ange fermer les gueules des lions. Sur ces enluminures Daniel, serein, impose sa volonté aux fauves. Cet épisode met en exergue la puissance de la croyance. Daniel n’a jamais douté. De fait, plus l’animal est féroce, plus sa domestication est miraculeuse. C’est le cas de saint Jérôme qui un jour soigne un lion blessé dans le désert. L’animal devient alors son compagnon jusqu’à sa mort.
Epistolier à l'usage de Cambrai. XIIIe siècle. Le Labo - Cambrai. Ms 0190. Folio 006.
Les animaux comme symboles
Les animaux acteurs de l'histoire biblique
Ci-nous-dit. XIVe siècle. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms 26. Folio 70 verso.
La métaphore de la résurrection du Christ
Le Ci nous dit est un ouvrage inédit qui s’inspire à la fois des bibles moralisées et des recueils d’exempla. À travers l’alliance d’un récit vertueux et d’images bibliques, ce manuel d’intégrité chrétienne emmène progressivement le croyant vers la clé du Salut. C’est ce que Christian Heck définit comme un commentaire « typologique-moral ».
Cette enluminure, par exemple, associe la figure du lion à celle du Christ ressuscité. Si cela peut paraitre énigmatique, il faut se plonger dans les bestiaires. Selon ces œuvres, les lionnes donnent naissance à des lionceaux mort-nés. C’est grâce à leur souffle que leurs pères parviennent à les ranimer au terme de trois jours d’efforts. Le lion devient ainsi une métaphore de la résurrection du Christ, trois jours après sa mort.
Les animaux comme symboles
Les animaux acteurs de l'histoire biblique
Agneau divin à sept yeux et sept cornes
Le Christ est fréquemment figuré sous les traits d’un agneau, renvoyant à la dimension sacrificielle de sa mort. Dans cette bible historiale du XVe siècle, il est représenté debout sur un trône qui s’apparente à un autel. Cette peinture représente la vision de saint Jean (Apocalypse 5:6)
Puis je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des Anciens, un agneau debout comme offert en sacrifice. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre.
Bible historiale. XVe siècle. Bibliothèque du Château de Chnatilly. Ms. 28. Folio 43 verso.
Agneau divin à sept yeux et sept cornes, sacrifice
Livre d’Heures dit « Heures de Séguier ». Vers 1490. Bibliothèque du Château de Chantilly. Ms. 82. Folio 126 verso.
Trinité (Père, fils, colombe du Saint Esprit).
La colombe
Symbole d’espoir et de renouveau lors du Déluge, la colombe est métaphoriquement devenue, dans l’art médiéval, une personnification de l’Esprit Saint. On la retrouve ainsi communément dans les scènes religieuses telles que l’Annonciation ou la Pentecôte. (Mathieu 3:16)
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Les animaux comme symboles
Les animaux acteurs de l'histoire biblique
L'arche de Noé
Il attendit encore sept autres jours et lâcha de nouveau la colombe hors du bateau ; elle revint vers lui sur le soir, tenant dans son bec une feuille d’olivier toute fraîche ; Noé sut ainsi que les eaux s’étaient résorbées sur la terre. Il attendit encore sept autres jours et relâcha la colombe ; cette fois, elle ne revint plus vers lui
(Genèse 8:8-12)
Miroir de l'humaine salvation, traduit par Jean Miélot. Bibliothèque du Château de Chantilly. XIVe siècle. Ms 139. Folio 4 recto.
Missel à l'usage d'Arras. Pôle Culturel Saint-Vaast - Médiathèque d'Arras. Ms 0959. XIIIe siècle. Folio 59 verso.
L'Ours de Saint Vaast
Saint Rémi envoie saint Vaast, comme évêque à Arras. Il s’installe dans la cité antique où il accomplit plusieurs miracles.
Il chasse notamment un ours, caché sous l’autel de l’église qu’il souhaite relever et lui intime l’ordre de quitter la région, ce que l’ours devenu obéissant, fait immédiatement.
Conclusion
Conclusion
Conclusion
La première [et la seconde] partie de l’Histoire entière des poissons. Guillaume Rondelet (1507-1556). Lyon, 1558.
L’héritage de l’iconographie médiévale reste prégnant sur les mentalités de la Renaissance. Certes, à partir du XVIe siècle, l’appréhension des sciences et la culture occidentale évoluent progressivement, conséquences de la découverte de nouveaux continents et de l’invention de l’imprimerie qui permet une plus grande diffusion et un meilleur partage de la connaissance. Cependant, scientifiques et illustrateurs ne sont pas encore totalement affranchis des erreurs du passé et les créatures extraordinaires hantent encore les livres.
C’est le cas de Guillaume Rondelet (1507-1556), médecin et naturaliste, ami de Rabelais, qui se comporte pourtant en véritable naturaliste pour son livre La première [et la seconde] partie de l’Histoire entière des poissons, publiée à Lyon en 1558. Il a observé la plupart des poissons qu’il décrit, les a comparés entre eux et en a disséqué un grand nombre. Cela ne l’empêche pas, même s’il a un doute, de laisser le dessinateur représenter, pour le poisson-moine, un « monstre marin en habit de moine ».
Conclusion
Conclusion
Les « faits » rapportés des « Indes » n’enrichissent pas forcément la connaissance.
Comme Marco Polo au 13e siècle, les marins enjolivent souvent leurs récits : Christophe Colomb n’évoque-t-il pas les trois sirènes qu’il aurait rencontrées ? Le XVIe siècle connaît donc une « renaissance de la superstition » (R. Lewinsohn) et de l’affabulation, authentifiées par le témoignage de missionnaires, de marchands et autres capitaines au long cours. Conrad Gessner lui-même décrit un serpent de mer de trois cents mètres de long : le basilic…
“[Carte de l'Amérique du Sud],” Holives, Jaime. Editeur. XVIe siècle. Médiathèque Simone Veil de Valenciennes. Ms 0488. Folio 009.
Conclusion
Conclusion
La page 953 du livre 1 de l’Historiae animalium de Conrad Gessner présente le rhinocéros.
Apporté des Indes le 20 mai 1515 à Lisbonne, l’animal est offert au roi Manuel 1er du Portugal. Curieux et badauds se pressent pour examiner la bête nommée Ulysse. Parmi eux, se trouvent de nombreux érudits et savants. L'un d'eux, un imprimeur allemand vivant à Lisbonne, Valentin Fernandes, envoie une lettre et un dessin de la bête à la communauté des marchands de Nuremberg où il décrit en détail les caractéristiques physionomiques du rhinocéros. Albrecht Dürer en prend connaissance et, frappé par l'étrangeté de l'animal, réalise un croquis à la plume qui devient ensuite une gravure sur bois.
Bien que proche de la réalité, son modèle pèche contre la rigueur scientifique : il y ajoute sur l'encolure une petite dent de narval, dessine les plis de la peau du rhinocéros comme les plaques de la carapace d’un crustacé, interprète le rendu de la peau de ses pattes comme des écailles de reptile ou de pattes d’oiseau et le dote d’une queue d’éléphant.
La corne dorsale de Dürer fut recopiée jusqu’au 18e siècle. La gravure de Dürer obtint un grand succès dans toute l'Europe et près de 5000 impressions de cette image furent probablement vendus durant son vivant. Outre ses rééditions, elle a été copiée avec beaucoup de précision par plusieurs artistes pour illustrer des livres à vocation naturalistes publiés du 16e au 18e siècles. C’est ainsi qu’une copie par David Kandel illustre la Cosmographia (1544) de Sebastian Münster, une autre l’Historiae Animalium de Gessner.
Conclusion
Conclusion
Une des grandes œuvres de Conrad Gessner est son Historia animalium, première grande encyclopédie zoologique moderne. L’œuvre totalise 4 500 pages in-folio, en cinq volumes parus entre 1551 et 1558.
Le premier volume traite des quadrupèdes vivipares, le second des quadrupèdes ovipares, le troisième des oiseaux et le quatrième des poissons et des animaux aquatiques. Le cinquième, consacré aux serpents, est publié à titre posthume en 1587. Gessner combine des données provenant de sources anciennes, telles que l'Ancien Testament, Aristote, Pline, le folklore et les bestiaires médiévaux, ajoutant ses propres observations. Il s’agit de la première tentative de description précise des animaux.
Les notices comportent toute une série de renseignements : lexicographie polyglotte, habitat, morphologie, durée de vie, croissance, reproduction, mœurs, élevage, utilisation par l’homme, histoire littéraire légendaire et proverbiale. Plusieurs centaines de gravures sur bois illustrent l’ensemble et constituent une iconographie de qualité et de grand intérêt. Même s'il cherche à distinguer les faits observés des mythes et des erreurs populaires et est connu pour sa représentation précise de nombreux animaux, il inclut également de nombreux animaux fictifs tels que la licorne et le basilic, dont il n'a entendu parler qu’à travers les bestiaires médiévaux. Certaines illustrations sont de la main de Gessner, d’autres de Guillaume Rondelet et de Pierre Belon, autre naturaliste français, ou d’artistes zurichois comme Jean Aspers, Jean Thomas ou Lucas Schann. Le succès est tel que Gessner se plaint de son imprimeur qui n’hésite pas à vendre séparément des gravures enluminées grossièrement.
Bibliographie
Sources
- Baker (Craig), Le Bestiaire, version longue attribuée à Pierre de Beauvais, Paris, 2010 (Classiques Français du Moyen Âge).
- Bestiaires du Moyen Âge, [extraits] mis en français moderne et présentés par G. Bianciotto, Paris, 1992 (1980)
- Cahier (Charles), et Arthur (Martin), Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature, Paris, t. 2, 1851, p. 85-232, t. 3, 1853, p. 203-288, t. 4, 1856, p. 55-87.
- Hippeau (Célestin) et Hardel (A.), « Le Bestiaire divin de Guillaume, clerc de Normandie, trouvère du XIIIe siècle, publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale, avec une introduction sur les bestiaires, volucraires et lapidaires du moyen-âge, considérés dans leurs rapports avec la symbolique chrétienne », Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 19, 1852, p. 317-476.
- Clark (Willene B.), The Medieval Book of Birds, Hugues of Fouilloy’s Aviarium, Binghamton - New York, 1992.
- Clark (Willene, B.), A Medieval Book of Beasts. The Second-Family Bestiary: Commentary, Art, Text and Translation, Woodbridge, 2006.
- Élien, La personnalité des animaux, trad. par A. zucker, Paris, 2014 (livres I à IX – 2e tirage) - 2002 (livres X à XVII).
- Isidore de Séville, Étymologies. LivreXII, Des animaux, éd., trad. et com. par J. André, Paris, 2012 (réimp. de l’éd. de 1986) (Belles Lettre - Auteurs latins du Moyen Âge).
- Jeux et Sapience du Moyen Âge, éd. et trad. par A. Pauphilet, Paris, 1951 (Pléiade), p. 451-561.
Bibliographie
Sources
- Zucker (Arnaud), Physiologos, le bestiaire des bestiaires, Paris, 2004.
- Richard de Fournival, Le Bestiaire d’Amour et la Réponse du Bestiaire, éd. par G. Bianciotto, Paris, 2009 (Champion Classique, Moyen Âge, éditions bilingues).
- Solin, Polyhistor, trad. par M. A. Agnant, 4 tomes, Paris, 1847.
- Strabon, Géographie, tome XII, livre XV, l’Inde, l’Ariane et la Perse, éd. et trad. par P. -O. Leroy, Paris, 2016 (Belles Lettres).
- Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. par L. Morini, Paris, 2018 (Classiques Français du Moyen Âge).
- Farid Al Din Attar, Mantic Uttaïr, ou le Langage des oiseaux , poème de philosophie religieuse, publié en persan par M. Garcin de Tassy, 1857.
- Pline l’Ancien, Histoire naturelle
_Livre VIII [animaux terrestres], éd., trad. et com. par A. Ernout, Paris, 2003 (2e éd.) (Belles Lettres).
_Livre IX [animaux marins], éd., trad. et com. par J. -L. Ferrary et J. -Y. Guillaumin, Paris, 2002 (2e éd.) (Belles Lettres).
_Livre X [oiseaux], texte établi, trad. et com. par E. de Saint Denis, Paris, 1961 (Belles Lettres).
_Livre XI [insectes et parties des animaux], éd., trad. et com. par A. Ernout et R. Pépin, Paris, 2002 (2e éd.) (Belles Lettres).
Bibliographie
Ouvrages généraux
> La littérature sur le Bestiaire est pléthorique:
on en trouvera une première bibliographie scientifique rétrospective dans McCulloch, 1962, p. 205-212, complétée par celle donnée par Clark et McMunn dans Beasts and Birds of the Middle Ages. The Bestiary and its Legacy, éd. par Willene B. Clark et Meradith McMunn, Philadelphie, 1989, p. 205-214, puis par celle de Van den Abeele dans Bestiaires médiévaux. Nouvelles perspectives sur les manuscrits et les traditions textuelles, communications présentées au XVe Colloque de la Société Internationale Renardienne (2003), éd. par Baudouin Van den Abeele, Louvain-la-Neuve, 2005 (Textes, Études Congrès, 21), p. 283-299 ; et enfin par celle du catalogue de l’exposition du Getty Museum de Los Angeles, Book of Beasts. The Bestiary in the Medieval World,catalogue de l’exposition de Los Angeles, J. Paul Getty Museum (2019), éd. par Elizabeth Morrison et Larisa Grollemond, Los Angeles, 2019, p. 314-329.
- Bestiaire du Moyen Âge. Les animaux dans les manuscrits, éd. par Marie-Hélène Tesnière et Thierry Delcourt, Paris, 2004.
- Licornes, Celles qui existent et celles qui n’existent pas, éd. par Jocelyn Benoist et Véronique Decaix, Paris, 2021a, p. 75-102.
- Cordonnier (Rémy), « Le Bestiarium et la renaissance du 12e siècle », Medievalista, 29, 2021b accessible en ligne - Bestiaires entre Orient et Occident : représentations, utilisations et instrumentalisations, éd. par Ivan Gros et Paul Servais, Louvain-la-Neuve, 2017
- Ferro (Xosé Ramón Mariño), Symboles animaux. Un dictionnaire des représentations et croyances en Occident, Paris, 1996.
Bibliographie
Ouvrages généraux
- Heck (Christian) et Cordonnier (Rémy), Le bestiaire médiéval. L’animal dans les manuscrits enluminés, Paris, 2011
- L’animal exemplaire au Moyen Âge : ve-xve siècles, éd. parJacques Berlioz et Marie-Anne Polo de Beaulieu, Rennes, 1999.
- Le monde animal et ses représentations au Moyen Age (XIe-XVe siècles), actes du XVe Congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Supérieur Public (1984), éd. par Francis Cerdan, Toulouse, 1984.
- Leclercq-Marx (Jacqueline), La sirène dans la pensée et dans l’art de l’Antiquité et du Moyen Âge, Bruxelles, 1997accessible en ligne - Cornes et plumes dans la littérature médiévale : Attributs, signes et emblèmes, éd. par Fabienne Pommel, Rennes, 2010.
- Épopée Animale, Fable, Fabliau : Actes du IVe Colloque de la Société Internationale Renardienne, éd. par Gabriel Bianciotto et Michel Salvat, Paris, 1984.
- Déduits d’oiseaux au Moyen Âge, Aix-en-Provence, 2009
- Le Physiologus. Manuscrits anciens et tradition médiévale, Rurrsuspicae, 2, 2019, de manière générale cette revue est consacré aux sciences et au monde animal au Moyen Âge et dans la basse Antiquité. [[acc[accessible en ligne
- La forêt. Un Moyen Âge enchanté?, Saint-Antoine-L’abbaye, 2021
Nous tenons à remercier les établissements de la région ainsi que les personnes ayant participé à ce projet :
Les archives et bibliothèque patrimoniale d'Abbeville :
- Marie-Noé HUE, responsable des fonds patrimoniaux.
La Bibliothèques d'Amiens métropole
Le pôle culturel Saint Vaast - Médiathèque d'Arras
La Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer :
- Sandrine BOUCHER, responsable des fonds patrimoniaux.
Le Labo - Cambrai :
- Sara PRETTO, chef du Service Collections Patrimoniales
La bibliothèque Château de Chantilly
- Marie-Pierre DION, conservateur général des bibliothèques - Camille OLIVIER, chargée de ressources documentaires
Les bibliothèques de la ville de Compiègne
- Anne MARTIN,
La bibliothèque municipale de Douai
- Jean VILBAS,
La bibliothèque municipale de Laon
La bibliothèque municipale de Lille
- Jean Jacques VANDEWALLE,
La bibliothèque municipale de Noyon
Crédits
Remerciement
La médiathèque de Roubaix - La Grand Plage
- Élise LAVIEVILLE, - Léa AMIDOU,
Le service patrimoine de Saint-Amand-les-Eaux
- Amélie DHESSE,
La bibliothèque d'Agglomération du Pays de Saint-Omer
- Rémy CORDONNIER,
La bibliothèque municipale de Soissons
- Myriam COLET-GRAVE, - Amélie DERIGNY,
La médiathèque Simone Veil de Valenciennes
- Jean-François HANNECART,
Sublimes animaux
L'Armarium
Le projet
L’Armarium, la Bibliothèque numérique du Patrimoine écrit, graphique et littéraire des Hauts-de-France est un projet coopératif entre l’AR2L Hauts-de-France et les structures patrimoniales de la région (bibliothèques municipales, services d’archives municipales et départementales, musées, sociétés savantes, maisons d’écrivain …) qui vise à diffuser, auprès d’un large public, les trésors de notre patrimoine.